Hommage à Georges Vigne par Bruno Saunier

Rédigé le 22/10/2025
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Notre collègue et ami, Georges Vigne, est décédé brutalement. Agé de 71 ans seulement, il était, certes, fatigué ces derniers temps mais son esprit était toujours aussi vif. Ceux qui ont connu Georges Vigne se souviendront d’un collègue parfois ronchon, avec un caractère entier qui pouvait lui valoir quelques inimitiés, mais également d’un garçon généreux, plein d’humour, bon vivant et aimant partager, notamment ses foies gras et cornichons maison, ou ses « blagounettes » comme il disait autour d’un bon repas. Cela n’enlevait rien à son grand professionnalisme.

Je ne veux pas à travers ces quelques lignes retracer la carrière de Georges Vigne et renvoie pour cela à la très complète notice que lui a gentiment consacrée Didier Rykner dans la Tribune de l’Art (https://www.latribunedelart.com/disparition-de-georges-vigne).

J’ai connu Georges lorsqu’il est arrivé à la direction des musées de France, actuel service des musées de France, après son passage au Centre national des arts plastiques. Je garde le souvenir d’un collègue rigoureux dans les missions qui lui étaient confiées et surtout d’une grande érudition. Georges connaissait le XIXe siècle et le début du XXe siècle comme personne et dans des aspects aussi divers que la peinture, son domaine de prédilection, mais aussi les arts décoratifs et l’architecture. Il avait un esprit curieux et engrangeait les connaissances avec une facilité déconcertante. Son long passage à Montauban avait fait de lui l’un des meilleurs spécialistes de Ingres, son « grand homme », et ses nombreuses publications sont des outils précieux pour les professionnels du patrimoine et les amateurs.

Il adorait l’art et arpenter le terrain, sous toutes ses formes, était son plaisir : chiner dans les salles de ventes, les foires et les galeries, visiter des églises et des monuments, aller voir des expositions temporaires, parcourir les musées et leurs réserves. Son appartement du Vésinet était rempli d’œuvres et d’objets d’art aussi divers qu’un garde-corps de Guimard, des céramiques de Gallé, un tableau d’Irma Martin, un autre de Devambez, de nombreux dessins… L’approche de l’art par Georges avait un côté gourmand et c’était un plaisir de l’accompagner et de bénéficier de ses connaissances. D’autant qu’il partageait volontiers son savoir.

La disparition soudaine de Georges Vigne a choqué ceux qui le connaissaient et a meurtri sa famille. J’ai une pensée toute particulière pour sa sœur et son entourage. Espérons que sa précieuse documentation accumulée au fil des années rejoindra une institution patrimoniale et bénéficiera au plus grand nombre.

 

Bruno Saunier

Conservateur général du patrimoine

Délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation – collège musées et PSTN